Parfois, il y a des films qui croisent votre chemin un peu par hasard et qui sont plus que de belles surprises. Pour ma première fois au Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF), j’ai découvert une belle série de films supers, mais il y en a deux qui se sont clairement distingués. Retour sur mes coups de cœur de la semaine.
Ok! Madam (Lee Cheol-ha, 2020)
Dans la vie de tous les jours, Mi-Young (Uhm Junghwa) vend des Kkwabaegi (beignets torsadés coréens) sur un marché traditionnel et son mari, Seok-Hwan (Park Sung-Woong), répare des ordinateurs. Alors, lorsqu’ils gagnent un voyage à Hawaii, c’est l’euphorie. Problème, l’avion qu’ils doivent prendre est rempli de terroristes à la recherche d’une certaine Magnolia. Heureusement, Mi-Young, sous ses airs de maman/boulangère lambda, cache bien son jeu et va prendre la situation en main.
Quel film ! Mon premier coup de cœur du NIFFF. Uhm Junghwa est tellement lumineuse ! Elle porte le film et lui donne une ambiance feel-good. Et puis, elle est hyper badass ! Ça fait plaisir de voir un personnage féminin comme ça dans un rôle principal, sans que ce soit une femme qui s’est transformée en machine de guerre pour une histoire de vengeance ou quelque chose dans le genre. Résultat, on se retrouve face à un (presque) huis-clos plein d’action. Les scènes de bagarres sont géniales, les bruitages encore plus absurdes que dans les films hollywoodiens et on n’a pas le temps de s’ennuyer.
En plus, le film est très drôle. Tous les personnages font rire sans qu’ils soient ridicules ou caricaturaux ; ils sont cools. Mi-Young, son mari et le personnel de l’avion ont un côté MacGyver et j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir leur ingéniosité pour maîtriser les terroristes. En fait, on a envie de passer du temps avec eux, c’est le genre de personnages et de monde qu’on ne veut pas quitter. D’autant plus qu’il y a plein de rebondissements ! On découvre petit à petit qui est qui (jusqu’à la toute dernière image du film !) et on se laisse volontiers surprendre.
Ok! Madam,c’est frais, c’est fun, bref, c’est à voir absolument !
Tonkatsu DJ Agetaro (Ken Ninomyia, 2020)
Gros coup de cœur pour ce film japonais, adaptation d’un manga/anime du même nom, qui allie musique et cuisine. On y suit Agetaro (Takumi Kitamura), un jeune homme condamné à couper de la salade dans le restaurant de tonkatsu (porc pané) familial. Mais lorsqu’un soir, il doit livrer un bento dans une boîte de nuit, il a une révélation : il veut devenir DJ. Ainsi va naître Tonkatsu DJ.
Quand j’avais passé en revue la programmation du festival, le pitch du film m’avait bien tentée, mais jamais je n’aurais cru rire autant. Les personnages, que ce soit Agetaro, ses amis ou son père, sont incroyables et très bien interprétés. Comme dans Ok! Madam, même les personnages un peu « bêtes » ne sont pas ridicules. Le but n’est vraiment pas de se moquer d’eux, mais de faire rire le public. Il y a beaucoup de générosité dans l’écriture.
Et puis, le concept de l’histoire est génial et très bien retranscrit sur le grand écran. Qui aurait cru que le tonkatsu et le DJing avaient autant en commun ? Les plans dans les deux salles (celle de resto et celle du club) sont très bien composés et se superposent à merveille. La photographie est très chouette, pleine de couleurs. Il y a aussi l’utilisation des sons de la cuisine qui est intéressante. Non seulement ça permet de créer quelque chose de nouveau au niveau de la musique mais c’est aussi un super moyen de mettre en avant la cuisine traditionnelle. On a l’habitude de voir des plans de nourriture hyper appétissants (et il y en a plein dans Tonkatsu DJ Agetaro !) mais là, on prend la cuisine dans son ensemble en incluant les sons et en les mettant au premier plan. D’autant plus que, au début, Agetaro « passe des disques » plus qu’il ne « fait de la musique ». Et dès qu’entrent en scène les sons de la cuisine, il devient un vrai DJ qui crée de la musique originale.
Au-delà de l’aspect cool et comique du film, il y a aussi un joli message sur la transmission de savoir-faire. Que ce soit entre Agetaro et son père au sujet de la cuisson du tonkatsu ou entre Agetaro et DJ Oily (Yûsuke Iseya), son mentor, il y a une belle relation. Le message n’est pas moralisateur, le père n’est pas en mode « tu dois reprendre le business familial, point barre ». Au contraire, le film montre qu’on peut allier ces deux activités et réussir haut la main.
Une belle découverte qui, j’espère, aura une vie sur les écrans suisses.
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