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Ne la réveillez pas : quand l’horreur fascine

J’achète souvent des livres sans lire la quatrième de couverture. Je me contente généralement des deux phrases de contexte qu’on trouve sur les shops en ligne ou d’un conseil garanti sans spoiler des libraires. Ça réserve souvent de belles surprises, comme avec Ne la réveillez pas (Nouvelles Plumes, 2019) d’Angélina Delcroix.

Je ne vais pas attendre plus longtemps pour vous annoncer le verdict final : Ne la réveillez pas est une bombe ! Deux meurtres, deux brigades, une seule enquête : voilà les prémisses. Angélina Delcroix nous emmène dans les heures les plus sombres de l’Histoire du XXe siècle et, par conséquent, au cœur de l’horreur humaine. Ne la réveillez pas vous invite à participer à une sorte de chasse au trésor macabre dont vous serez prisonnier.ère jusqu’aux dernières pages.

Une maîtrise de l’écriture digne des plus grand.e.s

Commençons par le côté technique. La lecture de ce thriller est très fluide, ça se lit vraiment facilement malgré les expériences scientifico-psychologiques qui y sont décrites. Pour moi, cette fluidité vient principalement du fait que le langage est très naturel. Ça se voit notamment dans les dialogues. J’ai horreur des dialogues écrits de la même manière que tout le reste du récit ; parfois, ça peut même rendre les personnages ridicules. Je m’explique : il y a des règles à suivre pour écrire la langue correctement. Sauf qu’à l’oral, on fait abstraction de certaines de ces règles pour une question d’économie et de fluidité. Et c’est ce qu’à retranscrit Delcroix lorsque ses personnages prennent la parole. Elle garde tout de même une certaine rigueur quant à la grammaire et la syntaxe mais on est plus proche d’une discussion réelle que de Molière.

Sur un plan plus émotif maintenant, le changement de point de vue entre les personnages rend également la lecture intéressante. On est principalement avec la police, mais on glisse aussi parfois du côté des victimes, voire du tueur. Je pense notamment au chapitre 21 qui m’a littéralement donné des sueurs froides ! Avec ce premier thriller, Angélina Delcroix montre d’emblée qu’elle sait manier le suspense et jouer avec les nerfs des lecteurs.trices, que ce soit avec son « faux rebondissement » ou avec sa conclusion qui vous donne envie de lancer le bouquin contre un mur…

Le charme de l’horreur

Le modèle du jeu de piste rend la lecture complétement addictive. C’est d’ailleurs très paradoxal car, d’un côté, c’est très irritant d’être confronté.e à ce tueur plus malin qui tout le monde, qui n’arrête pas d’échapper aux enquêteurs.trices et, de l’autre, c’est super excitant. J’imagine que c’est la grande malédiction de l’esprit humain mais… on a envie de voir jusqu’où ça va aller. Je dis pas qu’on espère que le psychopathe va continuer à échapper aux mailles du filet parce que les policiers.ères sont quand même attachants et qu’on ne va pas souhaiter la mort d’un personnage (aussi fictif soit-il)… mais on est pas loin !

« Quelle dose d’horreur un homme peut-il avaler sans basculer du côté sombre ? » (p.315)

D’autant plus que (🚨 Attention petit spoiler du début) le plan du tueur est basé sur la thèse de Joy, une des policières en charge de l’enquête. Ce qui a été couché sur le papier prend vie et on a un peu envie de voir si le tueur va aller aussi loin dans sa folie.

D’ailleurs, cette thèse, elle est fascinante. Le sujet : les criminels nazis et leurs profils psychologiques. Joy le dit-elle-même, « Le jour de ma soutenance, l’amphi était blindé. Cette période sombre de l’histoire a toujours suscité beaucoup d’intérêt. » (p.95). Et, aussi dingue que ça puisse paraître, c’est vrai. Personnellement, je ne connaissais pas du tout cette partie de l’Histoire et j’ai adoré découvrir le sujet au travers de cette fiction. Mais quant à savoir pourquoi ça nous captive autant, la question reste ouverte… (🚨 Fin du spoiler)

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