Après Les Aérostats d’Amélie Nothomb qui racontait la découverte de la littérature par un adolescent, je reste en quelque sorte dans le même thème avec La vie secrète des écrivains (Calmann-Lévy, 2019) de Guillaume Musso. Mais cette fois, on plonge dans la construction d’un livre, de l’inspiration aux règles narratives en passant par l’aventure.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je me dois de vous faire une confidence. Jusqu’à il y a peu de temps, pour une raison que j’ignore, je pensais que Guillaume Musso était un auteur classique du XIXe. Le genre d’auteur qu’on lit en cours par obligation, vous savez. Je devais sûrement confondre avec un autre auteur et mon cerveau n’a jamais pensé à faire du tri dans les informations… Autant vous dire que, lorsque j’ai enfin découvert que Musso était un auteur de polars/thrillers contemporain, qui plus est, numéro un des ventes (comment j’ai pu passer à côté de ça franchement ?), je me suis empressée de remédier à mon ignorance. La vie secrète des écrivains est donc mon premier Musso.
Ceci étant dit, La vie secrète des écrivains nous emmène sur l’île Beaumont où vit Nathan Fawles, un ex-écrivain. Le franco-américain a mis fin à sa carrière sans explication plus de vingt ans auparavant, suscitant la curiosité du monde entier. Et quand une journaliste suisse et un aspirant écrivain débarquent à leur tour sur l’île, les secrets des uns et des autres ne sont plus en sécurité. Mais que se cache-t-il donc derrière le « mystère Nathan Fawles » ?
J’aime particulièrement les films sur le cinéma et sur Hollywood et, en toute logique, j’aime aussi les livres sur les livres, le processus d’écriture, etc. C’est donc sans surprise que j’ai adoré La vie secrète des écrivains. Ce thriller m’a tellement captivée que je l’ai englouti en seulement deux jours ! En même temps, quand on commence à déterrer des secrets, c’est comme dans Gossip Girl, on veut voir jusqu’où ça va aller, quel personnage pour lequel on s’était pris d’affection va nous décevoir, quel impact vont avoir les révélations.
La première chose qui rend la lecture intéressante, ce sont les différents types de textes qu’on y trouve. Il y a des articles de presse, des lettres ou encore des bouts de manuscrits appartenant aux personnages qui se mêlent au texte « principal », le tout dans des typographies différentes. C’est tout bête, mais ça donne comme une impression de réel, comme si l’on avait de vrais documents dans les mains. On se laisse donc très vite immerger dans le quotidien de cette île où règne la discrétion.
Une autre chose qui relève presque du détail mais qui, à mon sens, transforme une lecture, est le fait que les chapitres possèdent des titres. On sait alors dans quoi on met les pieds pour les prochaines pages. D’autant plus que les titres sont accompagnés d’une citation qui donne à chaque chapitre une sorte de morale. Et tout ça fait finalement fonctionner le livre comme une série TV, où un chapitre correspondrait à un épisode. C’est peut-être aussi pour ça que c’est aussi captivant et qu’on ne voit pas le temps passer.
Comme je le disais au début, La vie secrète des écrivains aborde le sujet de l’écriture d’un livre. Un peu comme dans La vérité sur l’affaire Harry Québert de Joël Dicker, on trouve par-ci par-là des conseils d’écriture ou des réflexions sur le métier d’écrivain. Conseils qui, bien sûr, sont appliqués par Guillaume Musso, ce qui nous permet d’avoir tout en un : la théorie et la pratique. Ces conseils peuvent aussi servir d’indices. Si on les repère et qu’on y prête suffisamment attention, il y a moyen de deviner la fin… ou presque. J’avoue que je n’avais vraiment pas vu venir l’épilogue…
Tout ça permet à Musso de créer un triangle d’écrivains qui vont s’affronter dans ce que la presse appellerait sûrement quelque chose du genre « Le choc des écritures ». D’un côté, il y a Nathan Fawles, écrivains célèbre qui a mis fin à sa carrière et n’a plus écrit une ligne depuis vingt ans. De l’autre, on trouve Raphaël Bataille, fan de Fawles et aspirant écrivain qui cherche désespérément à faire éditer son premier livre et qui trouvera l’inspiration pour en commencer un deuxième sur l’île Beaumont. Et enfin, il y a Mathilde Monney, journaliste au Temps en Suisse qui a débarqué sur l’île pour on ne sait quelle raison et qui va vite se rapprocher de Fawles.
On a donc deux camps qui s’opposent : les écrivains vs. les journalistes. On trouve d’ailleurs quelques pics sur le journalisme d’aujourd’hui, les réseaux sociaux qui nous transforment en zombies et la guerre des clics sur Twitter. Mais chacun a ses forces et on assiste à un premier face à face entre Fawles et Mathilde absolument passionnant. Les deux savent que l’autre essaie de l’embrouiller, les deux se croient plus malin que l’autre et les deux cachent quelque chose. La question est donc de savoir le ou laquel.le va se faire avoir. On les retrouvera sur le ring des mots une dernière fois à la fin de l’histoire et, comme dans un soap opera, le triomphe reviendra à celui qui aura la plus grosse révélation.
Notre lecture alterne également entre le point de vue de Nathan Fawles, écrit à la troisième personne, et celui de Raphaël, écrit à la première personne. Plusieurs niveaux de texte sont donc superposés et, en plus de se remuer les méninges pour résoudre le puzzle, on a une question qui plane : qui écrit quoi ? La confusion est totale jusqu’aux dernières lignes !